L'ANNÉE 2003 ...
EN INFoRMaTiQUe


Pour 2003, PowHertz a choisi de ne pas décerner de lauréats informatiques dans multiples et diverses catégories, soit le concept maintenu au cours des 3 dernières années. La principale raison est simple: le manque de contenu. La dernière année fut particulièrement peu excitante au niveau des sorties logicielles, et rares sont les catégories traditionnelles des Lauréats Informatiques PowHertz qui auraient pu avoir un vainqueur méritant pleinement cet honneur. De plus, je n'avais pas d'idée pour "la catégorie qui change chaque année" et je n'avais pris aucune note pour la confection du présent dossier au cours des derniers mois. Néanmoins, PowHertz ne peut laisser 2003 se terminer sans en faire un petit bilan, histoire de se remémorer quels furent les événements et phénomènes marquants de l'année qui se termine.

Tout d'abord, parlons des sorties logicielles dans les deux catégories pour lesquelles je serais quand même intéressé à décerner un "Powhertz Award": le meilleur fureteur Web et le meilleur utilitaire Internet. Dans la première catégorie, la compétition se déroulait entre 2 joueurs, un tout nouveau et un ancien, Opera, déjà 2 fois récipiendaire de cet honneur en 2000 et 2001. Le prix 2003 est accordé au nouveau venu, Safari 1.0 de la compagnie Apple. Bien que l'auteur et administrateur de PowHertz n'ait pas eu la chance de voir Safari à l'oeuvre de ses propres yeux étant donné le fait que le logiciel n'est disponible que pour Mac OS X sur machine Mac, il ne fait nul doute que Safari fut le fureteur Web qui a le plus fait jaser en 2003. Déjà, le fait qu'Apple entre dans ce marché quasi-saturé après tant d'années de retard était un événement, mais c'est avant tout l'excessive rapidité de Safari qui a tant fait parler de lui. Pour le chargement de page HTML, il est 3,2 fois plus rapide que Microsoft Internet Explorer pour Mac et, selon Apple, il serait même plus rapide que le déjà extrêmement rapide Camino!! Cependant, le petit Camino, qui était réputé comme étant le fureteur le plus rapide pour le traitement HTML sur Mac, ne performait pas aussi bien avec l'exécution de code Java ou JavaScript. C'est là que Safari se démarque encore plus, étant plus rapide que n'importe quel autre fureteur Mac autant pour le Java que pour le JavaScript! On aurait tendance à penser que c'est trop beau pour être vrai et que Safari réussit sûrement ces exploits en chargeant beaucoup plus d'informations en mémoire au chargement de l'application. Eh bien, PowHertz ne dispose d'aucune donnée sur l'utilisation de mémoire vive par Safari, mais en tout cas, le temps de chargement de l'application est encore à son avantage! Il se lance environ 35% plus rapidement qu'Internet Explorer et presque 72% plus vite que Netscape! Safari a livré une performance si phénoménale que Microsoft a décidé de mettre un terme au développement d'Internet Explorer pour le Mac, abandonnant le marché à Apple! Microsoft n'a pas admis sa défaite très ouvertement et directement, mais c'est bien ce que ces gestes ont démontré. Chapeau à Safari! Quant à Opera 7.x, il n'en fut pas moins un excellent finaliste. Il continue d'être l'excellent fureteur rapide et rempli de fonctionalités qu'il a toujours été, mais a aussi trouvé moyen d'innover une fois de plus et d'ajouter à sa liste de fonctionalités exclusives utiles. Toutefois, c'est au niveau interne que les changements ont été les plus majeurs, avec une réécriture plus propre du moteur et une restructuration interne qui permettra à l'avenir de sortir les nouvelles versions du fureteur simultanément pour Windows et Linux (au de sortir la version Windows en premier et la version Linux quelques semaines/mois plus tard). Chapeau à Opera aussi. Un peu moins chapeau à Mozilla, détenteur du titre l'année passée, qui continue d'être un excellent fureteur supplantant Internet Explorer à bien des niveaux, mais qui n'a pas connu d'améliorations majeures en 2003 et qui a même parfois apporté de nouveaux problèmes à sa version Linux (les caractères accentués qui ne fonctionnaient plus dans les formulaires de pages Web, le client de courriel et l'éditeur de pages Web dans Mozilla 1.3 Beta/RC et autres, le module Java qui peut cesser de fonctionner avec la version 1.4 et ce, même si l'on utilise l'installateur en ligne en utilisant Mozilla 1.4, etc.). Je le répète quand même, il n'en demeure pas moins que PowHertz supporte Mozilla et n'hésiterait pas à le recommander à tout utilisateur d'Internet Explorer.

Quant à la deuxième catégorie, l'utilitaire Internet, le titre reviendrait au déchu KaZaA Lite K++, une version non-autorisée de KaZaA qui permettait d'utiliser l'extrêmement vaste répertoire de fichiers disponibles via KaZaA, mais sans devoir accepter l'installation de logiciels espions ou de publicités sur son ordinateur. Pour l'utilisateur Windows (car KaZaA Lite n'était disponible que pour Windows; il disait être également supporté sous Linux via l'émulateur WINE, mais PowHertz n'a pas réussi à faire fonctionner cette configuration dans ses tests internes), c'était le paradis: l'impressionnant répertoire de KaZaA sans toute la "merde" qui faisait de KaZaA Media Desktop un produit aussi déconseillé à installer sur son ordinateur! Victime de son succès, KaZaA Lite K++ n'est plus disponible sur le Web depuis peu, suite à des menaces de poursuites judiciaires. Il se mérite néanmoins le titre d'utilitaire Internet de l'année, étant d'ailleurs presque seul au fil d'arrivée.

Mis à part la sortie des logiciels ci-haut mentionnés, voyons maintenant quels furent les événements marquants de 2003 en informatique. De façon sommaire, ils se groupent en 5 catégories, 2 qui reviennent chaque année, 2 plus ou moins nouvelles et 1 vraiment nouvelle de cette année. Allons-y de la plus récente à la plus classique.

#1 - The SCO Group
Dès janvier, on apprenait que la compagnie, anciennent Caldera International qui avait acheté Santz Cruz Operation (SCO) et certains droits du système d'exploitation UNIX du même coup, avait engagé le célèbre avocat David Boies pour vérifier si d'autres systèmes d'exploitation violaient leurs droits acquis. Moins de 2 mois plus tard, SCO poursuivait le géant IBM pour 1 milliard$US, principalement pour avoir révélé des secrets d'UNIX et d'avoir contribué à les mettre à profit dans le système d'exploitation Linux. Le refus de SCO de fournir des preuves de leurs allégations cause beaucoup de controverse, mais il faut également se rappeler qu'au moment de lancer la poursuite, SCO vendait encore ses propres distributions de Linux, SCO OpenLinux et SCO Linux Server, ce qui enlève encore plus de crédibilité à la poursuite. Au cours des mois qui suivirent, SCO a retiré ses produits Linux du marché, envoyé une lettre à environ 1500 entreprises leur disant que Linux contient de leur code et que de continuer à utiliser ce code sans les payer pouvait entraîner des poursuites, mis en vente des "licences pour utilisation commerciale de Linux", augmenté à 3 milliards$US les dommages demandés à IBM et révoqué à ce dernier sa licence UNIX, utilisée pour son système d'exploitation AIX. The SCO Group, une compagnie qui était jusque là largement ignorée, est rapidement devenue en 2003 l'entreprise la plus controversée de l'informatique.

SCO s'est fait quelques amis dans cette controverse, principalement Microsoft et BayStar Capital qui ont tous deux investi quelques millions dans SCO Group suite à ces nouvelles. Toutefois, si leurs alliés se sont additionnés, leurs ennemis, eux, se sont multipliés! Il est inutile de mentionner IBM, alors commençons donc par Novell et The Open Group, deux firmes qui se sont opposées non seulement aux actions légales de SCO contre IBM, mais également à la définition même de la propriété intellectuelle de SCO, disant tous deux détenir les droits dont SCO se croit propriétaire! Il y a de plus le groupe allemand LinuxTag, qui a réussi à faire fermer le site de SCO en Allemagne, après que la cour ait reconnu que SCO usait de pratiques déloyales pour nuire à la réputation de Linux. On retrouve ensuite Red Hat, plus grand distributeur Linux au monde, qui a à son tour lancé une poursuite contre SCO pour avoir attaqué l'intégrité de Linux et de son processus de développement. Se sont ensuite ajoutés Open Source Development Labs, Free Software Foundation et Transmeta dont des employés (dont Linus Torvalds) ont reçu d'obscurs subpoenas de la part de SCO en novembre, puis SGI (Silicon Graphics) à qui SCO a retiré la licence UNIX pour avoir contribué au développement de Linux, avec du code qui avait pourtant clairement été écrit par SGI eux-mêmes (!?!). Ajoutons à cela bien sûr à peu près tous les autres artisans du monde de Linux (dont SuSE, MandrakeSoft, etc.) qui n'ont pas aimé que soit salie la réputation de leur produit sans que SCO ne fournisse de preuves adéquates de ce qu'ils avancent, ainsi que des millions d'enthousiastes Linux, dont quelques dizaines ont orchestré quelques attaques informatiques contre SCO depuis le mois de mars.

Bref, énormément de nouvelles informatiques de 2003 ont tourné autour de The SCO Group et parions que ce n'est pas terminé, car SCO devra en 2004 faire face à ce cirque, devant notemment prouver ses allégations contre IBM en début d'année.


#2 - Les magasins de musique virtuels en ligne
Apple n'a pas inventé le magasin de musique virtuel en ligne, mais il a au moins su le rendre populaire. En effet, les pionniers du domaine ne rencontraient pas les attentes, faisant face à une trop forte compétition des services gratuits tels KaZaA, Morpheus, Grokster et iMesh, dont la légalité varie d'un jugement à l'autre en cour. Avec son iTunes Music Store, Apple a prouvé pour la première fois qu'il était possible de faire un profit intéressant dans ce secteur d'activité, malgré les KaZaA de ce monde. À peine une semaine après le lancement du service en fin avril, Apple annonçait déjà la vente de la millionnième pièce téléchargée tout à fait légalement via son service payant, alors qu'il n'était disponible que pour Mac OS X seulement! Le 16 décembre, un mois après avoir sorti une version Windows du iTunes Music Store, Apple atteignait l'incroyable marque des 25 millions de chansons vendues en ligne.

Évidemment, tout le monde dans l'industrie est jaloux de ce franc succès. À partir de mai, très nombreuses sont les compagnies qui ont annoncé qu'ils sortaient ou allaient bientôt sortir leur propre magasin virtuel "à la iTunes": PureTunes, Microsoft (division MSN), Puretracks, la chaîne télé MTV, Wal-Mart, Hewlett-Packard (HPShopping.com), Destra Music et même Coca-Cola. Cela est sans compter l'influence qu'iTunes a eu sur les autres services de musique payants Pressplay, Listen.com et MusicNow, ainsi que sur Bell Canada, qui a décidé de se lancer un service de musique en ligne (toutefois différent de iTunes) suite au succès immédiat d'iTunes Music Store.

Dans tout cela, il ne faut pas oublier de mentionner le relancement tant attendu de Napster par son nouveau propriétaire Roxio, dans un service payant similaire au iTunes d'Apple. Plusieurs croient que le téléchargement de musique en ligne est appellé à remplacer le DC comme média #1 de distribution légale de musique au monde d'ici quelques années. Même si des services du genre existaient déjà en 2002, c'est de 2003 que l'on se rappellera comme le catalyseur de cette révolution.


#3 - Le 64 bits
La transition vers l'ère 64 bits avait déjà été amorçée par Intel avec la sortie des processeurs Itanium en 2001 et Itanium 2 en 2002, mais le succès remporté par ces architectures serveur demeurait tout de même relativement marginal. Cependant, AMD a rectifié la situation en 2003 avec la sortie de ses processeurs Opteron (pour serveurs) en avril et Athlon 64 (pour tous) en septembre, rendant enfin plus accessible la plus grande révolution d'architecture PC depuis le 80386, qui annonçait l'ère 32 bits qui aura duré pendant plus de 15 ans. Mentionnons que l'Athlon 64, moins cher que les autres processeurs à 64 bits, est le seul à supporter également le 32 bits, devenant en réalité la première option à 64 bits viable si l'on ne veut pas nécessairement avoir à remplacer tout son équipement logiciel aussi. Différents manufacturiers de logiciels ont également sorti une version de leurs logiciels optimisée pour 64 bits, afin de tirer profit de cet avancement technologique. Parmi eux, on retrouve SuSE Linux Enterprise Server et Red Hat Enterprise Linux, les deux premiers systèmes d'exploitation à supporter officiellement l'architecture à 64 bits d'AMD. Microsoft tarde à en faire autant, mais une version bêta de Windows XP pour architecture à 64 bits est déjà en circulation et sa version finale devrait sortir quelque part en 2004.

Début d'une nouvelle ère dans le monde de l'informatique.


#4 - Linux
Linux continue sa progressive ascension vers le sommet. Relativement peu affecté par les actions légales de SCO Group contre lui, le système d'exploitation a continué de faire de nouveaux adeptes en 2003, avec entre autres la version 2.6 de son noyau ainsi que le support des processeurs à 64 bits d'AMD par deux de ses distributions commerciales (de SuSE et de Red Hat) avant Microsoft ou n'importe qui d'autre. Encore plusieurs institutions ont annoncé des plans de migration à Linux en 2003, autant des compagnies que des organismes gouvernementaux.

Cependant, plusieurs événements ont changé le visage du marché Linux au cours de la dernière année, des bouleversements qui peuvent être perçus comme étant positifs, négatifs ou neutres. Le premier cas qui vienne à l'esprit est évidemment l'annonce de la discontinuation de Red Hat Linux, le populaire produit qui détient présentement plus de 50% du marché des distributions de Linux. Red Hat a décidé de se concentrer sur son produit plus payant, Red Hat Enterprise Linux, qu'il vend entre 179$US et 18 000$US par année par machine. Le légendaire Red Hat Linux s'arrêtera donc à la version 9, dont le cycle de vie se terminera le 30 avril 2004, alors que les versions 7.1 à 8.0 ne sont plus supportées depuis le 31 décembre au soir. Il y a toutefois une certaine relève en Fedora, un jeune projet "pour enthousiastes de nouvelles technologies" (ce sont eux qui le disent) qui ne vient avec aucune garantie de stabilité, avec lequel la compagnie Red Hat a fusionné en septembre. Compagnies et particuliers sont donc appellés, en cette fin d'année, à évaluer les alternatives et se tourner vers d'autres distributions de Linux. On doit donc s'attendre à une baisse de marché pour Red Hat en 2004, mais il est difficile de prévoir dans quelles proportions. L'avenir nous le dira. Chose certaine en tout cas, il s'agit d'un facteur qui pourrait très bien aider Linux Mandrake à se glisser au premier rang des distributions Linux pour le "desktop".

Parlant de Mandrake, la compagnie française MandrakeSoft a passé par toute une gamme d'émotions cette année. Tout d'abord, il a été forcé de se mettre sous la loi de la protection de la faillite en janvier, causant beaucoup d'incertitude envers le futur de la compagnie. Il semblait plutôt certain que l'on verrait un Linux Mandrake 9.1 malgré les difficultés financières de l'entreprise, mais pas nécessairement une version 9.2 ou 10.0 . Eh bien, nous avons eu une version 9.1 et nous avons eu une 9.2 aussi! Le plus encourageant furent toutefois les nouvelles du 15 décembre, qui annonçaient une réduction de leurs pertes "par un facteur de 7" et de bien meilleures prévisions pour le début 2004 que le début 2003 sur le plan financier. Linux Mandrake n'a donc pas terminé sa course.

À titre de compagnie orientée Linux qui a le plus fait les manchettes en 2003, Red Hat et MandrakeSoft ont toutefois de la solide compétition d'un dénommé Novell, mieux connu pour son système d'exploitation réseau NetWare, dont la réorientation vers Linux fut grandement réaffirmée cette année avec l'acquisition de la compagnie Ximian (mieux connue pour ses logiciels Ximian Desktop et Evolution, tous deux pour Linux) et du #2 du marché des distributions Linux, la compagnie allemande SuSE Linux AG. Impressionnante offensive.


#5 - Microsoft
Si le géant de Redmond a encore fait parler de lui à maintes reprises au sujet de failles de sécurité, nouveaux vers & virus et autres points négatifs cette année, on ne peut négliger l'impact positif qu'a eu le nouveau Windows Server 2003 sur la compagnie. En effet, le nouveau produit a permis à Microsoft de solidifier sa position sur le marché des serveurs, spécialement au niveau des serveurs Web, où la part de marché de la compagnie a augmenté dès la sortie du nouveau bébé en avril. Office System, aussi connu sous le nom d'Office 2003 ou Office 11, est également sorti en octobre, mais n'a pas connu de succès aussi retentissant. Il est de plus en plus évident qu'aucune version de Microsoft Office ne connaîtra jamais le succès qu'avait obtenu Office 97.

Pour Microsoft, ce fut également l'année du règlement de plusieurs poursuites judiciaires contre lui. Ils voulaient se débarrasser le plus possible de ces boulets et ont multiplié les efforts pour mettre un terme à tout ceci. Parmi les cas réglés, on retrouve des recours collectifs et la poursuite de Netscape/AOL. Cependant, RealNetworks a joué les trouble-fête en fin d'année avec une énorme poursuite contre le géant, avec des dommages qui pourraient facilement s'élever à 1 milliard$US. La compagnie de jeux Mythic Entertainment est également de ceux qui ont lancé une nouvelle poursuite contre Microsoft plutôt que d'en régler une en 2003.


Finalement, qui n'irait dans aucune de ces catégories:

En bref, c'était l'année 2003 en informatique. La table est maintenant mise pour l'année 2004.


Powhertz
2004/01/03


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