Si vous n'avez jamais utilisé de système X-Window, vous ne comprendrez pas la notion de gestionnaires de fenêtres et d'environnements graphiques avant de l'avoir vu de vos yeux. En effet, MS Windows, IBM OS/2, BeOS et autres sont personnalisables mais ils demeurent toujours un environnement graphique unique.

    Le fait spectaculaire est que la structure de X-Window, normalement son implantation gratuite XFree86 sur Linux, est tellement modulaire qu'elle permet à différents gestionnaires de fenêtres et environnements graphiques ("desktop environments") de se servir du serveur graphique qui lui offre les services de bases et non le look visuel. Le tout sera plus clair quand vous le verrez de vos yeux!

    La commande pour lancer XFree86 est startx. Par défaut, Red Hat prendra un environnement basé sur le projet GNOME et utilisant le gestionnaire de fenêtres Enlightenment. Cette sélection est un excellent choix côté look, un choix moyen côté rapidité et un choix très complet, mais pour plusieurs raisons, vous pourriez vouloir en essayer d'autres.

    GNOME est seulement un des trois "desktop environments" disponibles pour XFree86. Tout comme XFCE, qui ne vient malheureusement pas avec Red Hat Linux, il est composé d'un panneau pouvant contenir applets, lanceurs, "menu démarrer" et de nombreux utilitaires, mais il a besoin d'un gestionnaire de fenêtres sans quoi les fenêtres ouvertes n'auront pas de contour donc ne pourront être bougées, redimensionnées, minimisées ni même fermées si rien dans l'interface de l'application ne permet de quitter. GNOME accepte plusieurs gestionnaires de fenêtres dont Enlightenment (spectaculaire mais légèrement bogué et pas le plus rapide), twm (rapide mais très laid) et WindowMaker (plus dans la moyenne) qui viennent avec Red Hat Linux 6.x, Sawmill qui vient avec Red Hat Linux 6.2 seulement et Icewm qu'il faut télécharger à part. Le 3e "desktop environment" possible est KDE, qui se compose implicitement du panneau/menus kpanel et du gestionnaire de fenêtres kwm. Dans le cas de KDE, il est possible de choisir un autre gestionnaire de fenêtres que kwm, mais par défaut il va utiliser kwm qui fait bien la tâche. KDE est moins beau que GNOME et plus lent sur une machine de moins de 64 Mo de RAM, mais par contre il est encore plus complet et plus près de la philosophie de MS Windows (donc peu sembler plus simple pour certains au début).

    Il est également possible de lancer XFree86 avec un gestionnaire de fenêtres seulement, sans GNOME, KDE ou XFCE. Le résultat est un ensemble peut-être un peu moins complet, mais d'ordinaire d'une plus grande rapidité et avec pas nécessairement beaucoup moins de possibilités. Avec Red Hat 6.x, vous avez WindowMaker, AfterStep, twm et fvwm2 de ce type, mais il existe également, que vous pouvez vous télécharger sur le Web, Icewm, Blackbox, Sapphire, QVWM (une imitation de Windows 9x... avec tous les icônes animés!) et quelques uns de moindre importance.

    Pour accéder à tout ce matériel qui a été installé par Red Hat Linux, soit (récapitulons) KDE, WindowMaker, AfterStep, twm et fvwm2, vous avez deux options: la vraie manière et la façon belle, simple, rapide et efficace... Commençons par la première. Elle consiste à créer un fichier ".xinitrc" (un nom de fichier qui commence par un point en Linux signifie un fichier caché; il n'y a donc pas d'attribut perdu là-dessus comme dans un système de fichiers FAT) dans le répertoire personnel de l'utilisateur concerné. Donc, faites "cd ~" (cd<espace><tilde>) puis ensuite "pico .xinitrc". L'éditeur de texte Pico ouvrira un fichier vide puisque Red Hat ne crée pas de ".xinitrc" par défaut. Écrivez-y ceci:
#!/bin/bash
exec kde

Faites ensuite Ctrl-X pour quitter et dites de sauvegarder. La prochaine fois que vous allez lancer XFree86, vous allez être dans un tout autre environnement, celui du populaire KDE. Quittez-le en cliquant sur le gros K au bas de l'écran puis en choisissant "Déconnexion". Pour essayer les autres gestionnaires de fenêtres, il vous faudrait simplement remplacer "kde" par soit "wmaker", "afterstep", "twm",  "fvwm2" ou "gnome-session" pour revenir à GNOME. Comme toujours, les majuscules/minuscules font une différence alors attention!

    La deuxième manière, bien meilleure, est d'aller chercher sur Internet le programme selectwm que vous installerez, puis vous mettrez "exec selectwm" au lieu de "exec kde" dans votre fichier ".xinitrc" et vous pourrez oublier ce fichier texte à jamais. Désormais, quand vous ferez startx, vous aurez un beau menu configurable graphiquement pour choisir votre gestionnaire de fenêtres/environnement graphique. Comment installer un programme sur Linux est le sujet du prochain chapitre.

    Si vous vous apercevez que l'affichage est anormal, c'est sûrement que votre carte vidéo ou votre écran sont mal configurés dans XFree86. Si c'est le cas, vous devrez malheureusement faire une dernière chose avant de continuer: rouler l'utilitaire xf86config (sans majuscules), qui peut être lancé de n'importe quel répertoire mais obligatoirement à partir de la console, et entrer la configuration adéquate pour votre matériel. Normalement, cet utilitaire, très simple d'utilisation, devrait suffire, mais dans quelques très rares cas, vous pourriez avoir à sortir votre manuel d'écran et vous taper l'utilitaire Xconfigurator.

    Dernière chose à dire sur X-Window: amusez-vous! Il y a tant à découvrir, c'est tout à fait fascinant. Je vous laisse le plein plaisir d'explorer de ce côté-là, mais deux petites choses peuvent être bonnes à savoir: la combinaison de touches Ctrl-Alt-backspace permet de fermer automatiquement XFree86 sans passer par les menus (il s'agit de la manière rude, mais si un gestionnaire de fenêtres est planté, ce qui est très rare rassurez-vous, ça peut être la seule option - il reviendra alors à la console tout simplement) et pour aller sur un 2e terminal, il faut faire Ctrl-Alt-F2 au lieu de seulement Alt-F2. Le Alt-F2 à lui seul ne ferait que passer à un autre bureau graphique pour le même utilisateur, dans le même gestionnaire de fenêtres.
 

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